Vous allez dire que c'est facile de citer Molière comme influence, et pourtant c'est une réalité: dans les années 50, mes parents m'avaient acheté
un magnifique coffret de disques Pathé consacré à l'enregistrement du Bourgeois Gentilhomme par la troupe de la Comédie Française (le "français" comme on disait dans la famille). C'était
l'intégrale enregistrée, "en live" selon le vocabulaire d'aujourd'hui, au cours de la 795e représentation de cette production, mise en scène comme presque tout à l'époque par Jean Meyer,
avec toute la troupe dont certains avaient été les élèves de mon grand-oncle René Alexandre.
Quelle merveille d'entendre Louis Seigner, Jacques Charon, Robert Manuel, Jean Piat, Georges Chamarat, Michel Galabru, Maurice Escande pour n'en citer que quelques uns. Je connaissais le texte
par coeur, et pouvais le dire en "play-back" tant j'avais mémorisé les intonations et les jeux de voix des uns et des autres.
Curieusement la musique ne m'avait pas accroché, même si ce Lully là était adapté pour la scène et dirigé par André Jolivet soi-même.
Parmi les illustrations du livret qui accompagnait les deux 33 tours, il y avait la photo du décor de Suzanne Lalique, dont j'appris par la suite qu'elle était la fille du fameux verrier et
l'épouse d'un certain Haviland, porcelainier célèbre, et ce décor me subjuguait: j'en fis une copie pour mon petit théâtre et c'était très compliqué, notamment l'escalier!
Suzanne Lalique
Figurez-vous que la Comédie française l'a ressorti en 2008 pour son exposition Molière! Ce symbole pourrait-il faire revivre une
maison qui lentement se suicide avec des programmation hasardeuses et une ambiance délétère, bien loin de la solidarité de troupe des années 50.
Vous comprendrez que quand le film de la représentation sortit sur les écrans, mon plaisir fut total: tout mon rêve devenait couleurs. Et quand plus tard, j'eu la chance de voir la pièce dans son
écrin de la salle Richelieu, toujours avec les même acteurs, la même mise en scène et les merveilleux décors et costumes de Lalique.
Mon émotion était à son comble et je n'étais pas alors conscient qu'en 1981, je mettrais en scène la Turquerie!
Voici quelques photos assez rares de ce spectacle. Elles sont introuvables sur internet, et je vous propose la turquerie en live dirigée par André Jolivet avec les cris de Louis Seigner
(1956) en guise d'accompagnement:
Louis Seigner, Monsieur Jourdain plus de 300 fois! Un record