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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 07:50

 

Michelle Magrou, par Viviane FinesMichelle Magrou

 

 

 

 

 

 

Michelle Magrou, qui de vous se souvient d’elle ?

Peut-être ceux qui ont fait le stage de "l’Ile" sur la péniche, elle y était responsable des costumes, et  les anciens étudiants de l’IGH, où elle a fait de nombreuses interventions en arts plastiques.

 A partir de 1975, elle a beaucoup travaillé aux Ateliers du Théâtre pour les costumes et les éléments de décor. J’ai pu alors apprécier  son humour, sa finesse, sa grande culture, et nous sommes  devenues amies ; mais pour éviter le ton hagiographique, c’est à travers son travail, théâtre et peinture, que je veux  l’évoquer.  Je commence par le théâtre et  par les conseils techniques qu’elle m’a donnés pour réaliser des costumes.

Quand elle a décidé de se consacrer entièrement à la peinture,  Michelle  m’a dispensé  une formation express  et sur le tas à l’occasion de mes deux premières mises-en-scène. J’ai  eu l’impression d’apprendre beaucoup en peu de temps, et je voudrais partager cet héritage avec vous.

 

Règles techniques: illustrées par les maquettes de Michelle pour le Théâtre ambulant Chopalovitch, de Lioubomir Simovitch 

 

-Se faire raconter la pièce par le metteur-en-scène, afin d’accorder le travail du costumier avec le sien.

-Choisir une palette de couleurs, correspondant à la tonalité générale de la pièce et à chacun des personnages.

-Dessiner  les maquettes.

chopalovitch 024 

 

Les formes doivent être très visibles, soulignées. L’un des maîtres de Michelle,  André Acquard, doublait tous ses costumes de mousse pour accuser les formes et les volumes. « Il faut travailler pour le dernier rang des spectateurs ».

 

chopalovitch 025  chopalovitch 027

-Choisir les tissus ; exclure absolument le brillant, car on doit anticiper sur l’effet des  éclairages, qui rendront les tissus brillants très clinquants ; de même éviter le blanc trop blanc, et les matières trop lisses qui font «flaque » sous les projecteurs. En revanche les lainages (e.g. les jupes des femmes faites avec des couvertures CREPS en photos dans ce blog dans les articles sur Gosta Berling) attrapent bien les lumières et font de belles ombres.

A cause de ces ombres qui ne seront révélées que lors de la couturière (pré-représentation d'un spectacle où tous les costumes quasi achevés sont portés par les comédiens n.d.l.r.), il est bon de privilégier les tissus qui « tombent bien », c'est-à-dire qu’ils font naturellement de beaux plis.

En ce qui concerne les motifs, certains comme les carreaux ou les grosses fleurs se voient trop et monopolisent le regard, alors que de tout petits dessins se fondent de loin, tout en animant la surface.

 

chopalovitch 028  chopalovitch 029

-Une fois la couture faite, on doit souvent souligner, souligner, rajouter des détails, car le costume de scène se regarde de loin. Les galons de passementerie se montrent très utiles. Ceux qui ont du volume joueront bien dans la lumière. On peut marquer des accents par des contrastes de couleurs (la complémentaire par exemple) ou de nuances (très clair ou très foncé).

Michelle repeignait souvent ses réalisations à la bombe pour faire ressortir les volumes ou effacer des motifs envahissants.

 

chopalovitch 030 

C’est un travail un peu impressionniste. De près, on voit parfois des taches ou des matières incongrues (emballages de fruits ou légumes par exemple) et de loin, ça rend l’effet voulu. Un des principes fondamentaux est justement de « partir de la peinture », c'est-à-dire s’inspirer des tableaux.

Pour La Ronde, par exemple, je me suis inspirée du peintre James Ensor:

 

costumes La Ronde.0001 

costumes La Ronde.0002costumes La Ronde.0005

 Malgré ma volonté de sobriété,  je dois quand-même dire que Michelle était une pédagogue extraordinaire. Un de ses grands atouts, c’était son vocabulaire. Elle savait dire les choses avec exactitude, et pourtant elle parlait souvent par images, mais d’une manière subtile et précise.

Tous les costumes qu’on voit sur les photos des spectacles des Ateliers (article sur le blog), ont été réalisés par elle ou sous sa direction.

Il y a peut-être une vingtaine d’années, des stagiaires de Michelle, Mona et Raphaël Pons, ont monté  Fando et Lis, une pièce d’Arrabal ; Michelle avait fait des costumes et des décors très poétiques ; et le spectacle a obtenu le prix du « off » au festival  d’Avignon.

Pour conclure de manière moins solennelle, j’évoquerai l’aventure que certains se rappellent sûrement. Lors du premier stage de l’Ile, à Neuilly, Michelle a découvert dans les réserves de l’IGH une vielle robe de soie qu’elle a déchirée en lanières  pour nous faire des couronnes de fleurs. Arrivée à l’étiquette… elle a vu que c’était une robe de Paul Poiret ! C’était drôle ; mais Michelle était  épouvantée de ce qu’elle avait fait… 

Reste la peinture... Mais je vous raconterai ça une autre fois.

 

 

 

 

 

 

 

Viviane Fines  viviane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 07:12

Je ne vais pas vous parler de l'anniversaire du débarquement en Normandie, ni du débarquement d'un Normand en France quoique cette date corresponde pour moi à un cinquantenaire douloureux. Mais la vie étant ainsi faite des évènements de cette journée que je pensais ne devoir consacrer qu'à me morfondre sur mon sort en ressassant des souvenirs comme un exercice imposé de travail de ma mémoire dont j'ai émaillé ce blog de quelques perles.

Ce jour là donc trois séries d évènements qui méritent quelques lignes, voire plus dans ce blog se sont produits.

 

C'est d'abord le matin un échange de mails avec Viviane qui m'annonce qu'elle joue le "dépit amoureux" le 17  et le 18 juin

(voir les ateliers du théâtre pour les coordonnées précises) et me demande si je connais des candidats pour un stage "de très bonne qualité et pas cher " fin juillet. Je lui propose exceptionnellement de faire de la pub sur le blog, ce qu'elle accepte - donc les personnes intéressées : écrire au blog (par la voie de "contact" ou bien nec.pluribusimpar@orange.fr) qui transférera!

 

Le deuxième évènement de la journée vient d'un courrier que m'a adressé Yvon Achard et qui contenait une cassette vidéo, quelques photos et fiches de stages. Là encore j'étais embarqué dans le grand voyage des souvenirs : Yvon, Voiron, les stages de juillet (deuxième fois dans la journée après l'appel de Vivi).

Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre en ligne un extrait de la cassette d'Yvon, qui  était un spectacle de textes chantés et déclamés par Yvon Achard, donné en décembre dernier au Théâtre Stendhal de Grenoble qui abrite la MJC des Allobroges.

J'ai extrait de ce spectacle dont Yvon est coutumier en compagnie de Marie-Thérèse Lenne au piano, Maria Matéo à l'accordéon et Jules Durand à la guitare, un poème de Federico Garcia Lorca , le cantique du miel, qui symbolise bien les combats de notre ami Yvon pour les abeilles, mais  il va vous le dire mieux que moi sur des images de Charles Paillet :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

cuisinier

 

 

 

 

 

 

Oui, Yvon a maintenant un peu plus de cheveux et de moustache

qu'à Voiron, mais la voix a gardéele même timbre ferme et

métallique et la diction est impeccable : merci père Rodien!

 

camille,yvon,-Jean

 

Le troisième évènement de la journée qui m'a rattaché aux stages est la mort de Ray Bradburry à 91 ans. Un petit clin d'oeil à nos souvenirs comme dirait Antoinette qui m'a adressé des mails de signal à cette occasion: Adieu les Chroniques martiennes, adieu Tom, Ray va saluer François Truffaut qui ne brûle pas dans l'enfer à Fahrenheit 451.

ray bradbury

  ScreenShot019

  et Antoinette de joindre à ses mails cette citation de Ray Bradbury :

    "Vous n'avez pas à brûler les livres pour détruire une culture. Faites seulement que les gens cessent de les lire"


1101663716

 

 

Heureusement qu'il y a les livres-vivants! 

 

 

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 08:40

 

 

 

 

camille rouvièreCamille Rouvière nous a quittés. Le quatrième mousquetaire de l'équipe d'animation des stages de Voiron des années 66-67 a tiré sa révérence fin février.

Camille s'investissait beaucoup dans l'animation et l'éducation populaire, au delà de ses terres de Romans sur la Drôme pour aider et faire profiter de son expérience, de sa patience et de sa gentillesse des troupes et des groupes d'amateurs, en théâtre, et chorégraphie.

Je garderai le souvenir aussi de ce déconneur compagnon de chambrée de Yvon Achard, avec lequel nous partagions humour potache et plaisanteries salaces.

 

 

 

 

 

 

caimme et jean

 Il a rejoint son copain Jean et ils vont pouvoir continuer ensemble parler de théâtre, déconner et chanter.

En leur honneur : l'artillerie de marine! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 arlequin

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 11:19

 

yqp0fsji« Il y a cinquante ans, le 4 avril 1961, était inauguré à Orléansville, le Centre Culturel Albert Camus. Ce centre devait être conçu dans le cadre du plan de reconstruction d’Orléansville après le séisme de 1954. Camus qui s’était rendu à Orléansville avait fait part à Miquel et Simounet de ses observations sur un projet de théâtre au sein de ce centre. A l’occasion de l’ouverture de ce centre, il y, eut quelques manifestations artistiques. Mon père, le peintre Louis Bénisti, qui avait travaillé avec Miquel et Emery au théâtre de l’Equipe d’Albert Camus dans les années 30, devait de nouveau aider Miquel  en organisant une exposition de peintre amis de Camus. Parmi les artistes qui exposaient, il y avait Galliero, De Maisonseul, Assus, Caillet, Clot, Degueurce, Suzanne Delbays, Thomas-Rouault, Marie Viton, Étienne Chevallier, Maurice Girard, Nicole ville, Bénisti…..

« Le centre n’était pas un théâtre traditionnel, mais un lieu de théâtre, ressemblant aux Maisons de la Culture, que Malraux devait promouvoir dans les années 60 à Chalons sur Saône, Bourges, Thonon, ou Grenoble. Louis Bénisti nous dit dans un entretien de 1990 :: « il est à noter que Miquel et Simounet se sont  mis d’accord pour mettre sur pied toutes les initiatives théâtrales que Camus, Miquel et Simounet, Émery avaient réunis en étudiant non seulement le théâtre à l’Italienne, le cirque romain, le théâtre japonais, le théâtre oriental et ils avaient essayé de réunir tous ces éléments pour faire ce qu’on pourrait appeler un lieu culturel et c’était véritablement un lieu culturel dans lequel il y avait différentes possibilités de manifestations théâtrales. Il est à noter toutefois que je ne sais pour quelles raisons, à cause peut-être du caractère de Simounet et de Miquel et d’Émery aussi, qui certainement avait participé à la réflexion de ce théâtre, ce théâtre  a été bâti avec un certain rigorisme, un certain puritanisme, on pourrait dire que par exemple il y avait une scène qui se déployait devant un amphithéâtre un peu à la romaine, mais un amphithéâtre de béton avec une circulation, mais point de velours et point de fauteuils et point de coussins, chacun  devant apporter les commodités de son siège. » 

« Il y avait aussi un théâtre de plein air devant la piscine  « sur un théâtre extérieur qui était organisé toujours avec des gradins surplombant un théâtre aquatique constituant une piscine d’un très beau dessin et sur laquelle on pouvait organiser des représentations nautiques. Et ça c’était très beau. ». La cérémonie d’inauguration commençait à onze heures par un discours de Poncet (Ami de Camus NDLR) prononcé dans le théâtre de plein air devant la piscine. Poncet retraça le passé algérien d’Albert Camus et insista sur son intérêt pour la reconstruction d’Orléansville et que «  depuis le 4 janvier 1960, son souvenir nous accompagne chaque jour », il cita Morvan Lebesque qui considérait Camus comme « le dernier des Justes. ».

« L’après-midi nous devions assister à une série de spectacles de théâtre des pièces qui venaient d’être mis en scène avec des jeunes stagiaires du Centre. Il y avait d’abord Meurtre dans la Cathédrale de TS Eliot, mis en scène par Jean Rodien dans le théâtre couvert, puis un spectacle en langue arabe de Ould ville Kaki, avec beaucoup d’intermèdes musicaux et chorégraphiques, puis nous sommes sortis du théâtre couvert pour assister à la représentation de la Mégère apprivoisée de Shakespeare en langue arabe, mise en scène par Kamel Babadoun, dans le théâtre de plein air devant la piscine. Le spectacle devait se terminer par une plongée des acteurs dans la piscine... Nous sommes de nouveau retourné dans le théâtre couvert où la troupe des Capucines présentait un spectacle pantomime : un conte bulgare, un ballet sur une musique de Duke Ellington (…). Après un entracte pour nous permettre de nous restaurer, nous devions voir le soir une représentation de Prométhée enchaîné, dans une mise en scène d’Henri Cordreaux.

 

(…) « Peu de temps, après l’inauguration  du ce centre culturel, devait être inauguré  à Tipasa, le 29 avril, la stèle  à la mémoire de Camus gravé par Louis Bénisti. Sur cette pierre romaine était gravée  une phrase de Camus : Je comprends ici ce qu’on appelle gloire, le droit d’aimer sans mesure. »

 

(…) « J’ai appris récemment que le Centre Camus était devenu le Centre Larbi Tebessi, du nom du fondateur avec le Cheikh Ben Badis, de la société des Oulémas. Je voudrais signaler à ces honorables fonctionnaires qui ont pris la responsabilité de débaptiser le bâtiment, que Albert Camus fut un jour le défenseur d’un ouléma le Cheikh El Okbi, lorsqu’il avait été incarcéré par l’administration coloniale (…)».

Jean-Pierre Bénisti

             

 

 

Pourquoi ai-je pris de larges extraitsOrleansvilleSimounet-Miquel-Emery233 de cet article  paru sur le blog de Jean-Pierre Bénisti ?

http://www.aurelia-myrtho.com/articles-blog.html

 

Vous l’aurez sans doute remarqué beaucoup de points abordés ont un rapport avec notre histoire et d’autres que vous ne connaissez pas avec mon histoire. photo 126353 4108490 201004081423674

 

 

 

 

 

On y voit  le rayonnement culturel  autour de Camus  qui se préoccupait en Algerie de « l’éducation populaire »avec les premières maisons de la culture, futures MJC, et malgré les événements conflictuels qui secouaient le pays.Des hommes de culture qui avaient foi dans l'avenir continuaient à « construire » : des architectes de renom, des poètes, des écrivains, des artistes peintres.

 

Avez vous déja vu ou entendu parler d'une  telle inauguration ?  dancing padovani - assus

 

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  delbays

 etienne chevalliersauveur gallierothomas-rouault marie viton caligula 1945 Marie Viton, amie de Camus, créatrice des costumes de Caligula en 1945. Ici Gérard Philipe en Caligula

 

Presque 12 heures de manifestation !  Discours et évocations camusiennes, spectacles de réalisation et de théâtre, avec des œuvres de culture universelle, ou locale, des intermèdes chorégraphiques, des lieux de jeu différents avec un public que l’on déplace, un piscine (eh, on est en Algerie !) sans oublier une restauration qui je le pense faisait large part à la Kémia et à l’anisette, avant un dernier spectacle de soirée avec Eschyle !

 

On y parle de Henri Cordreaux, dont j’ai déjà évoqué le rôle pédagogique majeur en Algerie, et surtout, ce qui est rare de Jean Rodien, qui avait monté là avec ses stagiaires dans un lieu à la scénographie universelle la pièce puissante et mystique de Eliott.

J’ai un souvenir personnel que je vais y accrocher : Jean en stage à Voiron, évoquait l’accent pied-noir  : il imitait  avec un éclat de rire sonore et nasal inimitable, le stagiaire, serviteur de Beckett au moment du retour des chevaliers dans la seconde partie de la pièce et qui hurlait : " blauqué" les portes ! " blauqué" les portes   ! Contraste saisissant d’ambiance avec la réplique de Thomas Beckett : « la maison de Dieu  ne doit être fermée à aucun homme ! » ts eliot 2 T.S. Eliot.  

On y parle  de Camus et de Bénisti. Je n’ai pas connu le premier, mais le second a été mon professeur de dessin au lycée Gautier à Alger, son grand corps voûté et son nez en bec d’aigle lui avait conféré le surnom de Ramsès. C’était un homme exigeant et peu disert qui recorrigeait en direct les croquis malhabiles des uns et des autres avec une aisance impressionnante. Son exigence commençait dans la taille des crayons qu’il voulait très pointus avec une mine renforcée par un ou centimètres de bois en fuseau : pas de taille-crayon, mais le canif !

 Je le fais toujours en pensant à lui.

 

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J’ai retrouvé Bénisti lors d’un retour en Algérie en 2005, à Tipasa, merveille de ruines romaines qui se font lécher par la mer à 30 km d’Alger. Là face au mont Chenoua qui quand j’étais petit me faisait penser à un dinosaure endormi au bord de l’eau, le sculpteur a gravé pour son ami Camus une stèle sobre et imposante saluant le génie de l’auteur de Noces et de l’Eté.  Je n'avais pu la voir du temps de ma jeunesse.  5118048378 ce961f1ab9 b

 

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 14:00

Attendre Godot ? C'est qui ? Beckett a dit " Je n'en sais rien ! Si je le savais je l'aurais dit"

Cela faisait longtemps que j'avais envie d'écrire quelque chose sur Jean

Rodien et Godot, tant pour nous, stagiaires de Voiron, le personnage

d'Estragon dans la pièce de Beckett a été phagocyté par Jean.

Mais la chose était difficile - elle l'est encore d'ailleurs - mais je ne vois pas comment ce Blog pourrait passer cette époque sous silence.

D'après Yves Doncque, qui le tient de la bouche même de Jean, Samuel Beckett a estimé que la version que la Comédie des Alpes a donné de sa pièce était la plus conforme à ce qu'il avait peut être voulu, car il n'en était plus tout à fait sur: c'est le propre de l'absurde qui contamine son auteur.

beckett

 

En attendant Godot, c'est quoi ?

L' épouse de Jean Latour qui faisait partie de la distribution de la création en 1953 résume assez bien l'action :

 

"Quand le rideau se lève, apparaissent deux vagabonds, sans âge, l’un porte une vieille jaquette de cérémonie, sur une chemise d’un blanc douteux, dont le col est fermé par une cravate chiffonnée, l’autre un complet noir lustré de crasse dont la veste est trop étroite et un foulard autour du cou. Comme Charlie Chaplin, ils sont coiffés de deux melons, extraits sans doute de la poubelle d’un chapelier. Ce sont Vladimir et Estragon ou plus familièrement Didi et Gogo.

Et le dialogue commence :
« -Estragon : Rien à faire
   -Vladimir : Je commence à le croire...j’ai longtemps résisté à cette   pensée, en me disant, Vladimir sois raisonnable... »

  Écoutons le dans une lecture à une voix de Jean Rodien:

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  arlequin

   

                                                                                        

  

 

 

 

 

 

"En réalité, ils ne seront raisonnables ni l’un ni l’autre et espéreront pendant deux heures rencontrer un mystérieux personnage, réel ou imaginaire, qui ne viendra jamais.

Leur attente sera distraite par l’arrivée d’un couple étrange, Pozzo et Lucky, le riche gentleman farmer en macfarlane et bottes de cuir, arrogant et féroce et, dans un costume de valet à la française, son esclave gâteux et atteint de la maladie de Parkinson.

Traversant le monde, ils vont, l’un menant l’autre au bout d’un licol. Eux partis, Didi et Gogo se retrouvent seuls, se morfondent de nouveau dans une expectative sans fin sinon sans espérance. Godot viendra demain, c’est sûr !"

Le thème d’En Attendant Godot appartient au théâtre bourgeois. Quoi de plus banal en effet que de s’appesantir sur la solitude, l’espérance déçue, la misère morale. Il n’est qu’à relire le théâtre des années 30 et 40 pour s’en persuader. Mais chez Beckett, grande nouveauté, l’anecdote est totalement absente. Aucune histoire. Pas d’exposition, pas de développement, pas de conclusion. Qui sont ces deux vagabonds ? Sans doute d’anciens professeurs, en tout cas des intellectuels, des penseurs. Ce ne sont pas des clochards aux poches déformées par des litrons de rouge, ce sont des marginaux dérisoires. Et, l’étrange chose, ils ne parlent jamais d’amour.(.).Beckett refuse la facilité qui consiste à se servir des ressources offertes par l’analyse des sentiments. Ses personnages sont insensibles au monde et semblent avoir ignoré de tout temps les mystères du coeur et de la procréation. L’humain ne les intéresse pas du tout.

Ils se contentent d’attendre Godot, c’est-à-dire quoi ? Dieu, la Révolution, ou simplement le patron éventuel ? Personne ne le saura. À la fin du premier acte, ce Godot n’est pas venu.

« Et le deuxième acte a ce toupet extraordinaire de recommencer le premier de bout en bout et d’être excellent  ».

La pièce se termine sur les deux hommes, désappointés de nouveau et qui reprennent leur errance :
« Vladimir - Alors, on y va ?
   Estragon - Allons y. »

 Ils ne bougent pas".

 

 

 

C'est la vision du tableau de Kaspar David Friedrich qui a inspiré à Beckett cette pièce à quatre personnages et un arbre.caspar david friedrich (inspiration de beckett)

 

Créée le 4 janvier 1953 au mythique théâtre Babylone à Paris, dirigé par Jean-Marie Serreau, qui prenait le risque refusé par bien d'autres, elle fut mise en scène et interpretée par Roger Blin avec Lucien Raimbourg, Pierre Latour et Jean Marin récemment disparu.

pierre latour(E),lucien raimbourg (V), jean Martin (Lucky)

C'est 10 ans plus tard, jour pour jour, que la Comédie des Alpes donna la première de sa version de la pièce dans des décors et costumes de Bernard Floriet et une mise en scène de René Lesage.

D'après les archives du spectacle à la Bnf, c'est René Lesage qui interprêtait Estragon, Jean Rodien Vladimir, Raoul Marco, Lucky et Michel Chaigneau, Pozzo.

La version fut reprise en 1967.

Après un séjour à Amiens et à Albertville, elle sillonna la France, jusqu'à revenir à Grenoble où elle occupa, dans la nouvelle maison de la Culture, la petite salle pendant 10 jours, du 5 au 14 février 1968, à l'occasion de l'inauguration de la MC2 et des jeux olympiques d'hiver.

La troupe enchaîna par une tournée, que Jean trouva merveilleuse, dans les universités d'Amérique du Nord, du 20 février au 15 avril 1968.

La distribution était là celle que nous avons connue: Rodien en Estragon, Lesage en Vladimir, Julien en Lucky, Marco en Pozzo et Viguier dans le rôle du garçon.

J'ai un souvenir très précis de la veillée à Voiron, où Jean, qui avait invité René Lesage, nous fit avec son compère une belle leçon de lecture théâtrale!

 

La pièce fut reprise dans la même mise en scène, une troisième fois, le 26 février 1975, cette fois dans la grande salle, à anneau tournant de la maison de la culture de Grenoble, Jean et René tenaient leur rôles, Beyler remplaçait Julien et Amphoux, Marco.

 

Depuis, qui n'a pas vu "En attendant Godot" reprise par de nombreuses troupes, y compris 181par celle de

la Comédie Française, ou produite à la télévision avec Rufus et traduite en 200 langues, y compris en 2007 en langue Kabyle! 

 

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Qui n'a pas dans sa bibliothèque l'édition de poche des éditions de minuit!

Qui n'a pas souvenir de cette réplique fameuse : "Les gens sont des cons!"

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Voici pour conclure un extrait  sonore de la répétition de la version de 1975, dans la grande salle de la maison de la culture de Grenoble. Le son n'est pas bon, mais ils revivent là pour nous.

 

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 09:03

Bruno Cremer vient de nous quitter à 80 ans. Le baroudeur de la guerre d'Indochine, le fumeur invétéré de cigares, a été vaincu par un cancer, et au surplus de la langue, ce qui sans doute peut arriver de pire à un comédien dont le talent repose en partie sur une diction impeccable et une voix de caverne.

Je ne ferai pas de nécrologie systématique de tous ces gens qui nous quittent et qui nous ont donné du plaisir par le théâtre ou le cinéma, mais il y a quelques accointances entre Bruno Cremer et les stages ou d'autres personnages connexes que je veux souligner.

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D'abord je vous ai parlé de ce

film introuvable, produit par Radio Canada, sur le roman de Robert Merle, l'Île, qui a été pour nous un stage inoubliable et où il campait le capitaine Masson.

 

On le connaissait déjà depuis 1964 pour son rôle dans la 317éme section de Pierre Schoendoerffer, au côté de son complice et ami, Jacques Perrin.

J'ai eu l'occasion de converser avec Schoendoerffer alors qu'il était administrateur du musée de l'Armée et il m'avait parlé avec émotion de cette bande de copains qui faisait des films d'amitié:Claude Rich, Jean Rochefort, Jacques Perrin et Bruno Cremer. Ce dernier était pour lui plus qu'un ami.

 

 

Jacques Perrin et Bruno Cremer dans "La Haut, un Roi au dessus des nuages" de P. Schoendoerffer 

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Pierre Schoendoerffer

 

 

 

Et puis il y a les "Maigret" que tout le monde a vu et revu à la télévision et qui passent en ce moment même l'après-midi sur France 2. Et là aussi les coïncidences sont curieuses et tenaces!

Dans l'équipe du commissaire Maigret, il y a un inspecteur, qui se nomme Janvier, et dont le rôle est tenu par un des tous premiers stagiaires d'art dramatique formés par Jean Rodien, je pense à Voiron, mais je ne le connais pas personnellement:il s'appelle Jean-Claude Frissung.

 

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Commissaire Maigret

 

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 frissung Jean-Claude Frissung

 

 

C'est pour moi l'occasion de lancer un bouteille à le mer supplémentaire. J'en ai déjà lancé beaucoup à des anciens stagiaires qui sont devenus comédiens professionnels et souvent de talent, en Province (à Chambéry ou à Sens par exemple), ou à Paris. Pour l'heure j'ai peu de retours, mais ils sont chaleureux et j'espère un jour pouvoir ouvrir la rubrique qui me tient à coeur: "que sont-ils devenus ?"

 

Alors merci Monsieur Cremer, pour ce que vous m'avez laissé de souvenirs et aussi merci de me permettre de faire ces évocations et ces invocations.

Quelques photos pour conclure accompagnées de la musique de l'Île.

 

 

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 11:05

C'est avec une peine infinie que j'ai appris, ce matin, 3 juillet 2010, la  triste nouvelle:

 

 

 

"Le comédien et metteur en scène s'est éteint hier soir, vers 22h30, à l'Hôpital de La Salpétrière où il avait été transporté depuis un autre établissement. C'est une faiblesse respiratoire, poumons très atteints, qui l'a emporté. Il avait reçu un "molière" il y a quelques semaines et avait pris la parole d'une manière une nouvelle fois remarquable. Depuis, poignets cassés -déjà au moment des "molières"- il avait tourné quelques scènes dans un film, la suite de Largo Winch, à Berlin et Bruxelles. Puis, sa faiblesse physique et les complications pulmonaires, avaient conduit à son hospitalisation".

 

AFP

 

 

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J'avais envie dès la remise des Molières de cette année de lui rendre un hommage. J'aurais du. Aujourd'hui, il emporte avec lui , pour la seconde fois d'autres êtres chers, et je laisse au silence des ténèbres le frisson d'être brisé par cette voix d'airain.

 

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arlequin 

Terzieff - France Musique - 2009

   

 

Merci Monsieur. 

 

 

 

Je vous rapelle l'article de ce blog, dans la série INFLUENCES consacré à Christophe Colomb et évoquant en images et en son, Laurent Terzieff, il y a 35 ans.

 

 

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