La première fois que j'ai vu interpréter LA BelleHélène, dans le contexte de mes jeudis après-midi que vous commencer à connaître, j'ai eu du mal a accepter le traitement parodique des personnages et de leurs costumes : à Nauplie les rois étaient dans des transats en maillots de bain 1900, pour citer un exemple qui m'est resté gravé en mémoire, et au surplus comme c'était une production pure de l'opéra d'Alger, certains acteurs appuyaient leurs répliques avec une pointe d'accent de là-bas mettant dans leur poche les rieurs de la salle. Cette mise en scène était pourtant dans l'esprit de dérision dont Offenbach alimente toute ses oeuvre et je vous en ferai entendre quelques unes.
Cette découverte de l'humour au théâtre était quelque chose de nouveau pour le gamin que j'étais, mais c'est une arme a utiliser avec astuce, car tous les sujets ne sont pas signés Offenbach.
Voici un pur moment de parodie avec l'entrée des rois.
COUP DE ROULIS
Le répertoire de l'opéra d'Alger comprenait beaucoup d'opérettes avec des militaires de toutes époques et de toutes armes, ambiance de l'époque oblige. Il n'était pas rare qu'à la fin d'un spectacle soit interprétée la Marseillaise par la troupe devant un parterre debout. Coup de Roulis fait partie de cette catégorie et met en scène, "de nos jours", des officiers de marine que leur grade séparent et qui sont amoureux de la même femme. J'étais impressionné quand le rideau s'ouvrit sur un décor de pont de bateau de guerre, avec une tourelle de canon qui s'activait et -magnifique trucage de scène pour un enfant- se mit à tanguer, avec des vagues et des éclairages de tempête, victime lui aussi du coup de roulis!
Voici l'air le plus célèbre de cette opérette connue pour lui seul.
Pendant l'entracte, qui correspond à une escale en Egypte (et qui permet de changer le lourd décor), je vis pour la première fois un ballet, exotique comme il se doit, et j'étais fasciné par cette troupe de femmes en collant chair avec des coiffes d'horus et des arcs et carquois, jouant aux amazones sur une musique juste ce qu'il faut de pompier dont voici un extrait du final.
La Veuve Joyeuse fait partie de ces oeuvres qui m'ont le moins accroché. Retrospectivement je me rends compte qu'un de mes grands plaisirs dans ces représentations reposait sur la musique, les lumières et les costumes et que je laissais tomber un peu la trâme, pas toujours très riche, du spectacle. Ici c'était l'ambiance des rideaux rouges, des fracs noirs, des laquais à chandeliers et des crinolines rivalisant d'éclat et de couleurs, qui m'attirait! Et pourtant comme ces airs sont souvent repris en chant de famille...
(à suivre)